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Les forces de l'ordre, que ce soit à titre policier ou militaire ont tellement recours à l'infrarouge que les plus gros développeurs de systèmes restent encore toujours l'armée.
On se sert de la thermographie pour retrouver ou observer des personnes:
On peut également déterminer l'emplacement de systèmes d'observation ou d'alarme:
Il est également possible de déterminer si des personnes étaient assises dans des sièges ou des fauteuils ou se sont appuyés sur des surfaces (empreinte d'une main sur une table ou un livre déplacé dans une bibliothèque):
On peut également déterminer si un objet a été déplacé, retiré ou utilisé (ici, un portemanteau a été retiré de dessus une trappe donnant vers une cave, on voit l'empreinte de son pied, un tableau ôté du mur, même sans marque physique idem ou des rayures microscopiques dues à des déplacements réguliers):
Déterminer si des véhicules ou des outils viennent de servir, la deuxième image montre pendant une heure ou deux qu'une voiture a roulé et, de même, malgré l'opacité des vitre aux infrarouges longs, montrerait le rayonnement de déperdition si quelqu'un s'y cachait même si cela resterait diffus:
On peut détecter des cavités ou voir à travers certains matériaux comme dans la traque de Boston: Incredible Thermal Imaging Video of Dzhokhar Tsarnaev in Hiding
Ceci est un cas particulier de chance, en effet, la majorité des bâches de bateau sont en plastique et que le polypropylène par exemple est très perméable au rayonnement infrarouge, cela a grandement facilité le travail des forces de police alors que l'assiégé ne se rendait pas compte que l'extérieur le voyait quasiment comme si il était à l'air libre. Ceci sécurise grandement le travail des forces de police en leur permettant d'intervenir en connaissance de cause. Cependant, le système embarqué par l'hélicoptère de la police était le Star SAFIRE III, système embarqué qui permet de "voir" entre 3 et 5 micromètres dans les longueurs d'onde et non pas le 8 à 12 micromètres habituels. Ce système permet même de traverser des épaisseurs d'eau et est beaucoup plus sensibles que les capteurs "civils".
Il permet de discerner la différence entre les matériaux et détecter des faux, même dans un ensemble d'éléments à priori identiques (ici une comparaison entre un zircon et un diamant et de vrais billets de banque vus à l'infrarouge):
La seule chose qui est à retenir, c'est qu'en général, la thermographie est là une discipline de l'instant ou presque, une empreinte de main se dissipe en quelques minutes, une voiture refroidit en une heure ou deux, le déplacement d'un meuble est effacé après deux à quatre heures, ...
On ne peut pas revenir des heures ou des jours plus tard sauf pour la détection de cavités, remonter des flux de fluides, des choses qui restent permanentes.
À noter également qu'il existe différents types de caméras pour ces usages, chacune avec sa longueur d'onde propre car par exemple les caméras thermiques ne voient pas à travers l'eau, le verre ou le feuillage, il faut en choisir des dédiées et qui lisent les gammes d'infrarouge qui passent à travers ces matériaux spécifiques ou encore avec des caméras scientifiques spéciales qui sont également équipées de filtre permettant de rectifier ou de tempérer les flux étudiés.
Par contre, les empreintes de pas semblent bien relever de la légende, il faut plusieurs secondes à une semelle que pour transférer assez de chaleur au sol que pour que cela soit visible, une marche normale ne laisse pas assez de temps et le pied est rarement très chaud à l'inverse des mains qui laissent souvent une bien meilleure "prise".
C'est donc un matériel généralement de première intervention ou de traque, plus rarement pour des fouilles à postériori même si il peut encore servir mais généralement, quand l'action est retombée, les température aussi et les détections sont beaucoup plus difficiles.
Vous faites partie d'une cellule de police et débarquez lors d'une perquisition dans un bureau vide dont voici la photo thermique:
Vous n'avez personne à qui poser des questions mais le temps presse pour trouver des preuves et il faut aller à l'essentiel pour déterminer les dernières actions des occupants en réaction à la perquisition.
Vous devez passer la maison à la caméra en quelques minutes pour prendre toutes les traces exploitables dont certaines s'effacent très vite.
Dans ce cas-ci, à froid, vous pouvez dire que l'occupant ne s'est pas précipité hors de la pièce mais s'est levé calmement vu la force des traces thermiques des pieds.
Vous pouvez également dire qu'il ne travaillait pas sur le bureau mais sur le côté de celui-ci, bien engoncé dans sa chaise et pas courbé en avant, plus important surtout, il ne semble pas avoir ouvert les tiroirs ni n'était en train d'utiliser l'ordinateur qui est froid, il ne s'est donc pas précipité dessus pour essayer d'effacer quelque chose ni ne semble l'avoir tenu pour y retirer une clef usb par exemple.
Vous pouvez également déterminer que la personne qui se tenait là était probablement droitière car l'accoudoir de droite est froid tandis que celui de gauche est chaud, signe que la personne qui occupait ce bureau y a longuement laissé reposer le bras gauche. Ce qui n'aurait pas été le cas non plus en cas d'utilisation de l'ordinateur, le bras de la souris était généralement celui de l'adresse donc, en cas d'utilisation de la souris, les deux accoudoir peuvent être chauds, celui côté souris sera le plus chaud car les bras ne reposent pas sur les accoudoirs lorsque l'on tape en clavier, seulement un peu les coudes.
Donc, si lors de l'interrogatoire personne n'admet avoir été dans cette pièce au moment de l'intervention, il faut chercher une personne probablement droitière et en chaussette ou mettant ses chaussures pendant l'intervention et globalement très calme.
C'est peut-être anecdotique mais lors de ce type d'intervention, pouvoir déterminer la position de chaque acteur et la nature des objets qu'ils manipulaient peut être crucial, on peut aussi jouer sur la hauteur des empreintes de main sur un mur ou un chambranle pour évaluer la taille de la personne ou si quelqu'un est passé par une porte grâce à la rémanence thermique sur une poignée, un meuble, ...
La photographie thermique est assez rapide également et va figer l'état des machines à l'instant de l'intervention mais l'opérateur doit être précis, méthodique et se déplacement extrêmement vite pour saisir les nuances et ceci n'est valide que soit la zone est déjà sécurisée pour lui, soit ce sont les personnes de première ligne qui inspectent les lieux les premiers et prennent systématiquement des photos de l'ensemble des lieux lors de la sécurisation, avant pollution thermique de la force d'intervention. C'est le défaut de la méthode, les traces s'échappent vite l'idéal serait donc une vision caméra fixée sur les armes des agents de première intervention et qui serait exploitable à posteriori par un spécialiste mais parfois dans les minutes qui suivent ou qui suivrait l'intervention distance et pourrait demander un zoom ou une précision en cours d'intervention. À noter aussi que certains matériaux étant perméables à l'infrarouge et grâce aux traces laissées sur les portes ou contre des surfaces, un commando pourrait recevoir des informations complémentaires pour sa sécurité grâce à un spécialiste qui suit à distance l'opération et procède en direct aux réglages nécessaires.
On peut dire aussi que le radiateur dans la pièce rayonne faiblement mais c'est sans grande importance.
Voici maintenant l'image de thermographie insérée dans la photographie réelle:
Hugues CREPIN